Romina : « On s’imagine que maçonner ça implique juste des blocs et des briques, mais c’est de l’art »

Romina sait depuis l’adolescence que la construction est faite pour elle. Pourtant, face aux discours décourageants sur ce « monde d’hommes » elle se dirige d’abord vers des études de secrétariat et de pharmacie. A 23 ans, elle décide de suivre sa vocation et entame une formation de cheffe d’entreprise en gros œuvre. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est le terrain, la maçonnerie, le concret. Aujourd’hui, forte de huit ans d’expérience, Romina est maçonne dans l’entreprise Bajart. Seule femme au milieu d’hommes, elle affirme que ce qui fait la différence c’est l’entraide et une bonne ambiance sur chantier.

Romina sait depuis l’adolescence que la construction est faite pour elle. Pourtant, face aux discours décourageants sur ce « monde d’hommes » elle se dirige d’abord vers des études de secrétariat et de pharmacie. A 23 ans, elle décide de suivre sa vocation et entame une formation de cheffe d’entreprise en gros œuvre. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est le terrain, la maçonnerie, le concret. Aujourd’hui, forte de huit ans d’expérience, Romina est maçonne dans l’entreprise Bajart. Seule femme au milieu d’hommes, elle affirme que ce qui fait la différence c’est l’entraide et une bonne ambiance sur chantier.

Quel a été votre parcours pour arriver dans la construction ?

La construction m’a toujours attirée. C’est une histoire de famille : mon père et mes frères sont dans le métier. Je sais depuis mes 15/16 ans que je voulais en faire mon avenir. Mais on me répétait souvent que ce n’était pas un domaine « pour les filles ». Il y a une dizaine d’années, aller à l’école pour apprendre la maçonnerie, ce n’était pas évident.

Alors j’ai fait des études « qu’une fille peut faire » jusqu’à ce que j’aie eu l’âge de faire mes propres choix. A 23 ans, je me suis inscrite à L’IFAPME pour faire ce que j’aimais vraiment.

Certains profs m’ont dit que ce serait dur en tant que femme dans la construction, mais sur chantier ça s’est passé autrement. J’ai travaillé avec un chef d’équipe et un maçon avec qui le courant passait bien. Ils m’ont transmis leur passion, montré les filons… et surtout donner l’envie de maçonner.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

C’est surtout voir mon papa, couvreur-zingueur, travailler sur les toits qui m’a donné le goût de la construction. Mais plus tard, en observant les maçons travailler, ça m’a encore plus attirée. Le couvreur s’occupe de la toiture, tandis que la maçonnerie c’est beaucoup plus large, plus polyvalent : on touche aux murs, au coffrage, aux fondations…

Ce sont les maçons qui arrivent les premiers sur un terrain, qui passent le plus de temps sur chantier et qui participent aux plus grandes transformations.

En quoi consiste votre travail au quotidien ?

dans l’entreprise Bajart, on fait beaucoup de restauration, avec des techniques à l’ancienne, mais on travaille aussi sur des bâtiments neufs.

Les nouvelles méthodes de travail c’est souvent « bloc-isolant-brique », par exemple la plupart des maisons aujourd’hui sont construites comme ça. Pour la méthode à l’ancienne, c’est différent : on travaille la pierre, les briques anciennes, avec des gestes artisanaux. On apprend directement sur le terrain, au contact des maçons, qui partagent leur expérience et nous prennent un peu sous leurs ailes.

C’est souvent un travail plus volumineux, mais aussi plus esthétique, car il s’agit de redonner vie à des bâtiments chargés d’histoire : des églises, des citadelles, de vieilles maisons ou fermes.

Aujourd’hui, on a des facilités techniques. Avant, il fallait parfois compter sur des chevaux pour déplacer les charges, maintenant on a des grues. C’est tout autre chose.

 

Avez-vous rencontré des défis et comment les avez-vous surmontés ?

Le défi, c’est la pénibilité, quand on commence on se sent épuisé, mais il faut laisser le temps au corps de s’habituer. Avec l’habitude, le corps s’adapte, on développe de la force et on progresse. On devient moins vite fatiguée. Quand j’étais apprentie, je rentrais et je m’endormais directement. Aujourd’hui, je fais beaucoup plus qu’à mes débuts et mes journées sont bien remplies. Les difficultés varient selon les chantiers, mais dans l’ensemble, je n’ai pas trop à me plaindre. Et heureusement, on peut toujours compter sur les collègues pour donner un coup de main.

Quand on est une femme, on essaie toujours de montrer qu’on est à la hauteur. Ça fait plaisir quand certains le reconnaissent et te disent qu’ils veulent travailler avec toi.
Romina
Maçonne

Avez-vous une anecdote à nous partager ?

Un jour, je suis arrivée dans une équipe où le chef d’équipe avait des a priori parce que j’étais une femme. C’était une journée bien « trash », avec que du poids lourd à soulever. Pourtant, à la fin, il m’a dit : « tu m’en as mis plein la vue ».

C’est ça, le défi quand on est une femme : on essaie toujours de montrer qu’on est à la hauteur. Ça fait plaisir quand certains le reconnaissent qu’ils sont impressionnés et te disent qu’ils veulent travailler avec toi.

Y a-t-il un projet ou une réalisation dont vous êtes particulièrement fière ?

Celui qui m’a le plus impressionnée, c’est la citadelle de Namur. C’est là que j’ai commencé à travailler la pierre. Quand j’ai vu la taille des blocs qu’il fallait maçonner, c’était vraiment impressionnant. Aujourd’hui, comme je travaille à Namur, je passe presque tous les jours devant, c’est un travail qui rend fière. C’est un des plus beaux lieux sur lequel j’ai travaillé.

Pensez-vous qu’il faut disposer de qualités particulières pour travailler dans la construction ?

Il faut un côté caméléon, savoir se fondre dans la masse. On est dans un « monde d’homme », alors il faut prendre beaucoup de chose avec humour. L’entente et l’esprit d’équipe, c’est la base. C’est un métier lourd, rigoler sur le chantier améliore l’ambiance, nous met à l’aise et donne envie de s’investir d’avantage.

Physiquement, il y a des moments où on se dit « ce n’est pas possible », mais il y a toujours un collègue pour venir donner un coup de main. Avec un bon esprit d’équipe, quand on s’entend bien, ça roule et on s’entraide.

La polyvalence, c’est aussi important : ne pas avoir peur. Même si on est manœuvre et qu’on nous propose de nous montrer comment maçonner, il faut y aller. Et même si on fait des erreurs, avec l’aide d’une personne plus gradée, on les rectifie après. Ce n’est pas grave.

Être une femme dans la construction est-ce que ça change quelque chose selon toi ?

En tant que femme, on essaie toujours de se dépasser pour prouver qu’on est à la hauteur. En tout cas, c’est ma personnalité : pour me faire acceptée, j’ai voulu montrer ce que j’avais dans le ventre, donner le meilleur de moi-même, dans la mesure du possible.

Alors oui, certains collègues ont plus de mal, mais beaucoup me disent de manière positive, qu’ils ne s’attendaient pas à ça venant d’une femme. Ce n’est pas de la méchanceté, juste de l’habitude dans un monde d’hommes. Il faut de l’humour, mais aussi savoir poser ses limites. L’important, c’est de ne pas avoir peur ou de réticences.

Quel conseil donneriez-vous à une fille qui hésite à se lancer dans la construction ?

Il faut foncer et essayer. Si la construction vous plait, venez voir ce que ça donne. Il ne faut pas avoir peur, ni hésiter, c’est plus de rigolade et de bonne entente qu’autre chose.

C’est vraiment un beau domaine à découvrir. On pense que maçonner, ça implique juste des blocs et des briques mais moi je fais surtout de la rénovation, et j’ai découvert plein de choses.

On fait de la rénovation de patrimoine avec des monuments magnifiques. On se demande comment ils ont fait, il y a des centaines d’années, pour que ça ne bouge pas. C’est de l’art, mais on l’oublie souvent. On pense aux maisons qu’on monte à la chaîne, alors qu’en vrai, ça peut être un vrai savoir-faire.

On pense que maçonner, ça implique juste des blocs et des briques, mais moi je fais surtout de la rénovation et j’ai découvert plein de choses.
Romina
Maçonne

Merci à Romina pour son témoignage et à l’entreprise Bajar pour son accueil !