Patricia, couvreuse : « La passion, c’est ce qui fait avancer dans la vie »

A 44 ans, Patricia a décidé de se reconvertir pour rejoindre le secteur de la construction en tant que couvreuse. Après avoir fait ses débuts dans la restauration, puis travaillé cinq ans dans le système des titres-services, elle s’est inscrite à une formation de six mois organisée par le Forem pour apprendre le métier de couvreuse. A la suite de sa formation, elle été engagée en 2024 chez « Fou de toit », une entreprise située à Angleur, spécialisée  dans tous types de travaux de toiture.  Elle nous explique pourquoi son nouveau métier lui plaît tant. Son patron, Roberto Mineo, quant à lui, nous partage sa vision du métier et ce qu’il pense des femmes dans la construction.

A 44 ans, Patricia a décidé de se reconvertir pour rejoindre le secteur de la construction en tant que couvreuse. Après avoir fait ses débuts dans la restauration, puis travaillé cinq ans dans le système des titres-services, elle s’est inscrite à une formation de six mois organisée par le Forem pour apprendre le métier de couvreuse. A la suite de sa formation, elle été engagée en 2024 chez « Fou de toit », une entreprise située à Angleur, spécialisée  dans tous types de travaux de toiture.  Elle nous explique pourquoi son nouveau métier lui plaît tant. Son patron, Roberto Mineo, quant à lui, nous partage sa vision du métier et ce qu’il pense des femmes dans la construction.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

« Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours aimé tout ce qui touche le travail du bois. Quand j’avais 6 ou 7, à Noël, j’avais demandé des outils, ce qui était finalement assez particulier pour une petite fille. Et quand j’ai eu l’occasion de me reconvertir professionnellement, je me suis dit qu’il n’est jamais trop tard. »

Qu’est-ce qui vous plaît le plus ?

« Il y a tellement de postes différents en toiture ; les tâches sont variées, c’est ça qui me plait dans ce métier. C’est de l’artisanat, cela peut même être considéré comme de l’art, c’est très valorisant.

En plus, on apprend tous les jours ; les matériaux changent et évoluent, de même que les techniques de mise en œuvre.

Récemment, j’ai suivi une formation en soudage, pour que mon patron puisse vraiment compter sur moi, pour du travail sur corniche par exemple. »

En quoi consiste votre travail au quotidien ?

Patricia : « On fait beaucoup de choses. Cette semaine, par exemple, toutes les journées sont différentes : lundi on a démonté la charpente, hier on a reconstruit, on a coupé et installé des madriers. Aujourd’hui, c’est l’installation du plancher et cette après-midi, il y aura l’isolant. »

Roberto : « Dans notre métier, on se retrouve à travailler le bois, le PVC, l’ardoise, la tuile terre cuite, la tuile béton, le zinc, l’aluminium, le plomb, le roofing… c’est vaste. C’est un métier où on apprend à travailler un peu tous types de matériaux. Nos journées sont vraiment différentes, ça va du passage chez un fournisseur au travail sur chantier et, quand on est embêté par la pluie, on a les pauses café. Aujourd’hui, on attend une fenêtre de toit qui pèse presque 400 kilos, on va nous la livrer avec le camion-grue qui va directement venir nous la mettre en place. »

 

Roberto, avez-vous déjà eu des femmes ouvrières chez vous ?

« Non, la seule que j’ai eue était stagiaire en architecture. Mais je connaissais une entreprise de peinture qui avait 2 ou 3 femmes, mais ici c’est un métier dur, peu importe qu’on soit homme ou femme. J’ai déjà eu des jeunes qui trouvaient que c’était trop dur physiquement.

Certaines choses sont d’ailleurs très dures physiquement pour moi aussi. En toiture, je pense qu’il n’y a pas beaucoup de femmes, mais il y en a et je trouve ça bien. »

Quelles compétences particulières faut-il avoir pour travailler en toiture ?

Roberto : « La minutie, la perspicacité, être proactif, voir clair et anticiper les dangers. Il faut être conscient des dangers, notamment en présence de feu puisqu’on travaille aussi avec la flamme. Il faut être méticuleux mais aussi polyvalent.

Patricia : « Il y a aussi la question de la perception du vide, mais ce n’est pas spécifique aux femmes »

 

Quels défis avez-vous rencontrés et comment les avez-vous surmontés ?

Patricia : « Les conditions climatiques qui sont un peu dures. C’est plutôt agréable l’été mais, quand il fait -5° le matin et qu’il faut monter sur un toit, c’est un peu moins gai. Ça fait partie du métier et on s’endurcit. C’est physique et c’est ça que j’aime. Personnellement, je ne pourrais pas rester assise dans un bureau pendant huit heures. »

Roberto : « Elle arrive à porter des choses qu’elle n’arrivait pas à porter avant, et parfois elle m’étonne vraiment très positivement. »

 

Pouvez-vous me raconter un moment où vous vous êtes sentis fiers ?

Roberto : « On soude beaucoup moins de zinc qu’avant. Mais je nous ai inscrit à une formation chez un de nos fournisseurs. Après cette formation, elle soudait aussi bien que moi après un an de pratique régulière. »

Patricia : « J’étais la seule femme sur les huit personnes en formation et le formateur m’a félicitée pour mes soudures, belles et solides. Mais ce n’est pas tout de faire de l’esthétique et du solide, il faut aussi que l’étanchéité soit efficace. »

 

Être une femme en construction est-ce que ça fait une différence ?

Patricia : « Je ne trouve pas que le fait que je sois une femme fasse une différence auprès de mon employeur. Après, je remarque les regards, chez les fournisseurs par exemple. Cest de la curiosité. Ils se disent sans doute que c’est rare une femme en toiture et c’est vrai au final. »

Roberto : « Le secteur évolue. Quand j’ai commencé il n’y avait pas de femme. Mais c’était aussi comme cela dans d’autres métiers, la Police par exemple. Pourtant, maintenant, il y a de nombreuses femmes dans la police.

 

 

Travailler en duo comme ça, ça se passe comment ?

Patricia : « On se complète bien. Je lui fais penser à des choses qu’il peut oublier quand il est distrait. »

Roberto : « Il y a aussi des tâches que l’un ou l’autre n’aime pas faire. Moi je n’aime pas forcément placer les panneaux d’isolant, les coupes, etc. Patricia, elle aime bien, démonter les choses aussi. Et quand on n’aime pas particulièrement l’un comme l’autre, on le fait à deux. »

Patricia : « Là, par exemple, le plancher, j’ai démonté toute une partie toute seule. »

Je vois un avenir très positif. Tout se passe bien et je suis vraiment passionnée. Je n’arrête pas de lever les yeux au ciel pour regarder chaque toiture
Patricia
Couvreuse

Comment voyez-vous votre avenir professionnel Patricia ?

« Je vois un avenir très positif. Tout se passe bien et je suis vraiment passionnée. Je n’arrête pas de lever les yeux au ciel pour regarder chaque toiture. Si je peux continuer des formations je le ferai aussi. Ici il y a une deuxième formation en soudage, on va s’inscrire avec mon patron pour encore se perfectionner.

Je pense que la passion, ça fait avancer dans la vie, se lancer de nouveaux défis aussi. »

Quel conseil donneriez-vous à une fille qui hésite à se lancer dans la construction ?

Patricia : « Il faut foncer et essayer ! Les métiers de la construction sont tellement valorisants et variés. On ne s’ennuie pas, on ne se lasse pas, il y a des tas de choses à faire et à apprendre. Au-delà des difficultés, il faut tester. Il y a des métiers que les femmes font et qui sont beaucoup moins valorisants et tout aussi durs, je parle en connaissance de cause. »

Roberto : « Il faut oser. Tout est plus facile maintenant, par exemple des nouveaux outils ou des nouvelles techniques peuvent nous aider. Les tuiles, avant, on les montait à l’épaule à l’échelle, maintenant le fournisseur vient avec un camion-grue et on décharge les paquets de tuiles à notre hauteur directement sur le toit. Il y a beaucoup plus de sécurité aussi, des échafaudes, les monte-charges… Ça rend le métier plus accessible aux femmes.

Au niveau salaire, dans le secteur de la construction, on est plutôt bien loti aussi. Plein d’avantages : les primes, les congés, avec 4 semaines l’été et les repos compensatoires à Noël. On ne travaille jamais le samedi et le dimanche, le soir vous êtes à la maison, c’est compatible avec la vie de famille. Après, ça dépend aussi de l’entreprise et de la localisation, c’est comme dans tout, il n’y a pas que des avantages. Il faut trouver l’entreprise qui vous correspond le mieux. »

Au niveau salaire, dans la construction, on est bien loti aussi.(…) . On ne travaille jamais le samedi et le dimanche, le soir vous êtes à la maison, c’est compatible avec la vie de famille.
Roberto Mineo
Gestionnaire de l’entreprise « Fou de toit »

Merci à Patricia et Roberto de l’entreprise « Fou de Toit » pour leurs témoignages.